05 avril 2006

finales de roi - étude de V Halbrestadt




Il s’agit là d’une étude très connue de V. Halberstadt composée en 1930.

Elle est présentée dans « questions et réponses pratiques pour les finales » d’Egard Mednis que j’ai eu le plaisir de reparcourir l’autre soir avant de me coucher. Ce grand classique est souvent mis en lumière pour l’explication de la grande théorie des cases conjuguées (ou cases sœurs) dans les finales de roi.

Je vous livre en brut de décoffrage les propos d’Edgard Mednis :
· Théorie des cases conjuguées :
A chaque position du roi blanc correspond une position du roi noir pour défendre sa position.
· Evaluation du diagramme :
Seuls les blancs peuvent pénétrer dans le camp noir.
2 routes d’invasion pour les blancs : aile roi et aile dame.
2 positions clefs pour maintenir le passage du roi blanc : a) Rc4, Rb6 b) Rg3, Rf5 (avec trait aux blancs sinon le Roi pénètre)
Les blancs ont 5 cases entre les deux positions et idem pour les noirs.Le plan des blancs est d’essayer de mettre le roi noir en zugzwang de sorte qu’il ne puisse pas défendre les deux ailes en même temps

la solution d'Halberstadt donnée dans l’ouvrage :

1. Rb2 selon Halberstadt c’est le seul coup gagnant (ce qui est faux nous le verrons plus tard) car la case sœur de b2 est b8 ( ? mouaich…) ; si 1. Rb3 Rb7 2. Rc4, Rb6 et les blancs ne progressent pas.
1. … Rb6 si Rb7 ? 2. Rb3, Rb6 3. Rc4 gagne
2. Rc2 Rc7 3. Rc3 ! Rb7 (pour empêcher la rentrée du roi blanc à l’aile dame…mais maintenant les noirs ont un coup de retard pour défendre l’aile roi !) 5. Rd2 Rc7 6.Re2 Rd7 6. Rf2 Re7 7.Rg3 Rf6 8.Rf4 et les blancs gagnent

Bien entendu la solution proposée fonctionne, et un peu plus loin dans l'ouvrage on explique de façon un peu légère que ce n'était pas la seule solution....
mais j’ai eu du mal à digérer les commentaires...dire que la case conjuguée de b2 est b7….et plein de chose sans profondeur ni aucune démonstration. C’est pourquoi avant de m’endormir j’avais décidé d’analyser à ma manière la position, dans mon lit, car dans une telle position en pratique devant l’échiquier il faut bien trouver une méthode concrète d’analyse…


Alors considérons tout d’abord et simplement les chemins critiques (les chemins les plus courts des blancs et des noirs) entre les 2 points d’accès. Les cases conjuguées sont notées sur le diagramme suivant. De façon générale, on comprend bien que lorsque les blancs jouent leur roi sur la case numérotée « n » les noirs doivent faire de même sur leur chemin afin de maintenir une potentialité d’opposition sur les cases critiques de pénétration (soit R blanc c4 et R noir b6 pour l’aile dame ou R blanc g3 et R noir f5 - avec trait aux blancs sinon le Roi pénètre). Voilà le diagramme :


On remarquera de façon générale, que lorsque les positions des rois se trouvent tous deux sur des cases conjuguées du chemin critique avec trait aux noirs, ces derniers perdent. En effet ils doivent choisir de partir d’un côté ou de l’autre, laissant les blancs pénétrer sur l’aile opposée.

Bien entendu vous êtes perspicaces et vous avez noté que ce n’était point vrai pour la case n°3 car il y a une case d’attente 3’ (appartenant au chemin) adjacente aux cases n°2 et 4 !




Alors y a-t-il une solution directe avec les blancs de gagner quand les rois se baladent sur ces chemins avec « opposition » des noirs ?

Ben pour cela il suffit de trouver une case d’attente (n’) contiguë au parcours direct des blancs et adjacente aux cases (n-1) et (n+1). On remarquera que si elle existe elle fait donc partie par définition du chemin critique (c’est pour cela que je l’ai appelé (n’) cqfd). Le roi noir sera alors en zugzwang, s’il n’a pas une case (n’) lui aussi…
Il est évident que sur le diagramme cette case existe pour les blancs ( n° 4 et 4’) et il n’y a pas deux cases conjuguées n°4 correspondantes pour les noirs.
Il y a donc une solution directe de gain avec : Roi blanc e2 (case 4) (ou l’inverse e1 (case 4’) le raisonnement étant symétrique), ; Roi noir e7 (case 4) - et trait au blanc (bien entendu si trait aux noirs les blancs gagnent aussi)....

Joli non ?

Conclusion : il ne faut jamais croire aveuglément ce que l’on raconte dans les bouquins et il faut essayer de faire ses propres analyses !
En pratique lors de finales de rois possédant ce type de problématique, il faut chercher les chemins critiques et regarder s’il existe des doubles cases de rang (n) dans un camp et non dans l’autre ! Si c’est le cas vous savez que c’est sur ces deux cases que l’on assène le zugzwang.
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